Match salaire minimum-maximum: 1 à 400 !

Match salaire minimum-maximum: 1 à 400 !

Mon initiative parlementaire a été refusée hier au Parlement fédéral par 117 voix contre 56. Bon, vous ne trouverez rien dans la presse romande (ou presque), il vous faudrait lire la presse alémanique qui est plus correcte… C’est ainsi… depuis longtemps…

Mon initiative parlementaire pouvait sembler totalement utopique, mais elle était l’occasion de lancer un débat qui fait rage dans toutes les couches de la société.

La question philosophique de fond est celle de savoir, dans une société qui se veut démocratique, quel est l’éventail moralement acceptable entre le plus bas salaire et le plus haut salaire. Au début du XXe siècle, les libéraux américains estimaient que le maximum de différence admissible entre le plus bas et le plus haut salaire était de 1 à 20. En 2005, les dernières statistiques américaines chiffrent cette différence, cette inégalité, à un rapport de 1 à 435.

Si je prends l’exemple des revenus de Monsieur Ospel (le big boss de l’UBS…): entre la femme de ménage à 25 francs de l’heure et ses 10 000 francs de l’heure, la différence est de 1 à 400.

Juste un exemple récent: 280 000 millions de francs chacun, c’est le montant que peuvent encaisser six membres de la direction du Crédit suisse avec le fameux plan PIP (Performance Incentive Plan) pour la période 2004/05. Voilà des revenus qui dépassent l’entendement du simple citoyen !

Au-delà d’un certain seuil, les inégalités de revenus et de fortune sont des incitations à la délinquance. Les hauts salaires ne récompensent à ce stade plus rien, pas même les valeurs conservatrices comme l’effort, le mérite et le travail…

Quand la fortune des 225 personnes les plus riches du monde est égale au revenu de 2,5 milliards d’êtres humains, nous avons le cocktail le plus explosif de l’humiliation et de la misère, ce qui constitue vraisemblablement le réservoir de choix pour les fondamentalismes et les intégrismes de tous genres.

On pourrait dire que les salaires fous rendent fou. C’est pour cela que cette question ne touche pas seulement à la justice sociale et l’ordre public, mais aussi la politique de la santé. Tout simplement: au-delà d’un certain niveau de fortune, les riches sont atteints d’un phénomène psychique que connaissent bien les personnes qui travaillent dans le domaine des psychoses maniacodépressives, lesquelles peuvent conduire à des mises sous tutelle ou sous curatelle des personnes étant incapables de traiter rationnellement leur argent.

Les chroniques « people », d’ailleurs, raffolent de ce genre de situations: elles font souvent état de managers qui sont entraînés dans un délire financier et y entraînent leur propre entreprise.

Bref, mon initiative parlementaire demandait:
1. que l’on instaure en Suisse un salaire minimum de 3500 francs
2. que l’on fixe la norme minimale acceptable pour le salaire maximum. Personnellement, je l’ai fixée à dix fois le SMIG, 35 000 francs
3. que l’on lie le SMIG et le revenu maximum acceptable, c’est-à-dire qu’en cas d’indexation, on maintienne cet écart d’inégalité…
4. que tout revenu supérieur à ce plafond soit versé dans un impôt fédéral sur la fortune.

Cela vous étonne que la droite refuse ?

3 réflexions sur « Match salaire minimum-maximum: 1 à 400 ! »

  1. ce qu’on peut en retenir, c’est que ces revenus n’ont plus aucun sens, pas plus que les bas salaires, que tout se passe comme si on ne savait plus non plus sur quelles bases rémunérer le travail. tout se passe en dehors de la volonté même des capitalistes; le systme va tout seul en roue libre jusqu’au bout de sa logique; il n’y a pas de slaut en dehors d’une volonté politique interventionniste

  2. suite…(le précédent commentaire étant parti un peu précipitamment):
    il n’y a pas de salut en dehors d’une volonté politique; c’est pourquoi, au risque de paraître provocatrice, la question des écarts de salaires n’échappe -t-elle pas à la morale et même… à la démocratie? La preuve…

  3. Monsieur Zisyadis,

    Bravo pour votre sincérité et félicitations pour votre nouvel engagement au national.

    Nous avons trop besoin de personnalité comme la votre ! Votre autenticité, et votre déclaration au TJ de ce soir m’ont vraiment touché. Merci pour votre engagement !

    M. Kaufmann

    P.S. J’ai eu le plaisir, il y a quelque temps il est vrai, de partager un Nice-Genève à côté de vous, dans la classe populaire comme vous appelez la compagnie en question. Votre humour et votre sincérité m’avait touché déjà. Depuis vous avez osé la primitive … Bravo, c’était très courageux et très pertinent. Continuez !

Répondre à Marcel Kaufmann Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *