Zisyadis peut battre Leuba
Roger Nordmann, Conseiller national et vice-président du Parti Socialiste Vaudois nous a autorisé à reproduire ici le commentaire qu’il a envoyé sur le site vaud 2007
Après une soirée post-électorale marquée par une certaine confusion dans la publication des résultats, l’examen des chiffres est fort intéressant. Il montre que le second tour se jouera de manière très serrée entre le popiste Josef Zisyadis et le libéral Philippe Leuba. L’élection de Jacqueline de Quattro paraît en revanche acquise : le fait qu’elle ne se soit pas « décrochée » au premier tour et qu’elle n’a pas perdu les nerfs malgré les attaques de fin de campagne dénotent d’une certaine envergure, ce qui lui vaudra sûrement quelques suffrages à gauche. Comme Anne-Catherine Lyon en 2002, elle progressera entre les deux tours et dépassera son colistier. François Marthaler, une fois nanti du socle des voix popistes et socialistes, peut attendre le second tour avec sérénité.
Bonne progression de la Gauche et des verts en suffrage, fort recule de l’entente
La mauvaise stratégie d’AGT, consistant à présenter des listes autonomes partout pour le Grand Conseil, a conduit ce parti à perdre des sièges. Cette maladresse masque quelque peu l’évolution des rapports de force. La comparaison avec les résultats de 2002 en suffrages montre qu’en réalité, la force électorale du POP et de l’extrême gauche est restée quasiment stable à 5%. Dans son ensemble, le camp rose-rouge-vert et les diverses gauches ont progressé de 2,5%, passant de 42,5% en 2002 à 44,9% en 2007.
Pour sa part l’entente PRD-UDC-LIB perd 5,3% passant de 55.8% en 2002 à 50,5% cette année. L’autonomisation du PDC peut expliquer 1 ou 2% de cette perte, mais le bloc de droite perd au moins trois pourcent, au bas mot. De 2002 à 2007, l’écart entre les deux blocs passe donc de 13,3% à 5,6%.
Excellent point de départ pour Zisyadis
Dans ce contexte, plusieurs indices me laissent penser que Zisyadis a de bonnes chances de l’emporter.
En 2002, son retard sur le libéral Charles-Louis Rochat n’était que de 0,8% des suffrages. Cette année, Zisyadis pourrait bien combler l’écart sur le candidat libéral, pour les raisons suivantes:
• Dans son ensemble, la progression du camps RRV est environ trois fois supérieure à l’écart Rochat-Zisyadis de 2002.
• Rochat était un sortant au profil modéré, alors que Leuba est trop ultra-libéral pour glâner des voix à gauche et chez les hors-partis.
• Toutes les composantes du camps RRV sont présentes au second tour.
• L’entente est affaiblie par l’absence d’un candidat UDC au second tour.
• Contre toute attente, Zisyadis n’a subi que peu de biffage socialiste au premier tour (une liste sur six). Sachant que biffer Zisyadis, c’est faire élire Leuba, ce biffage se réduira très fortement au second tour, y compris (je l’espère) chez les verts.
• Le score de Zisyadis au premier tour (32.6%) nettement meilleur que le socle des voix PS+AGT (29%). Zisyadis a notamment récolté 12’000 suffrages sur les listes sans dénomination, ce qui montre qu’il dispose d’un électorat d’afficionados indépendant des partis. A l’inverse, le score de Leuba (45.4%) était nettement inférieur à celui de son bloc (50,5%).
Vu la probable baisse de participation entre les deux tours, il est difficile d’établir des projections fiables. Sur la base des résultats au Grand Conseil, les extrapolations sont cepandant assez significatives : si Zisyadis mobilise pleinement son potentiel d’affictionados et si un électeur UDC sur cinq reste à la maison, il devrait l’emporter sur Leuba avec 1 ou 2% d’avance.
Roger Nordmann