De la germanisation de la vie politique

De la germanisation de la vie politique

Trois questions pour planter le décor:

1. En 2003 lors des élections nationales quel était le plus important parti romand ?

2. En 2003 lors des élections nationales, quel était le plus important parti romand de droite ?

3. En 2003 lors des élections nationales, quel était le parti romand à égalité avec les Verts romands ?

Eh bien voici les réponses:

1. Le PS avec 23,1 %
2. Le PDC avec 18,5% (12,4% en Suisse alémanique)
3. Le parti libéral avec 8,3% (0,3% en Suisse alémanique)

J’aurais pu vous posez d’autres questions comme par exemple: quel était le score romand de la gauche de la gauche (5%), mais je me suis abstenu par pudeur politique…

Il n’y a rien qui vous choque après des semaines de matraquage germanophone majoritaire repris allègrement par les média, les sondeurs, les commentateurs romands ?

En 2003, l’UDC faisait 30,5% en suisse alémanique, mais 18,3% en suisse romande. Aujourd’hui, les instituts de sondage nous vendent le 27% de l’UDC comme une donnée de base pour l’ensemble du pays… Sans qu’une voix s’élève contre ce montage partisan du remodelage politique.

En fait, depuis des mois, nous sommes en train d’assister une gigantesque supercherie politique, médiatique montée de toute pièce par opportunisme, aplatventrisme, suivisme par ceux qui ont honte d’être romand, par ceux qui ont déjà capitulé au fond d’eux-même sur notre singularité, notre originalité, notre richesse régionale.

De quoi s’agit-il ? Tous les commentateurs, les sondeurs, les journalistes, les politiciens parlent de LA Suisse, parce que ce sont des élections nationales. Or, que je sache, nous votons par cantons. Les cantons ne sont pas seulement des circonscriptions électorales, elles sont des entités à l’intérieur de grandes régions linguistiques et culturelles.

Or, que je sache, jusqu’ici, la Suisse romande était structurée politiquement de manière différente de la Suisse alémanique, avec une droite différente, avec une gauche de la gauche présente, avec une gauche globalement plus forte.

Tout cela, le service public audiovisuel romand, comme la presse commerciale l’ont balayé, refusant de marquer la différence, acceptant sans broncher les diktats du paysage politique alémanique.

Ce faisant, ils ont préparé leur propre mort à moyen terme. Mort audiovisuelle, mort de la diversité culturelle. La blochérisation des esprits prend un tour dramatique dans ce coin de pays.

Lors de ces élections fédérales de 2007, la Suisse romande, la Suisse latine en général, ne sortira pas indemne. En 2003, elle avait encore résisté tant bien que mal à la mainmise politique de la germanisation des débats. Il y a fort à parier que la nouvelle géographie politique de 2007 sera le point de départ d’une certaine mort de la Suisse multiculturelle.

2 réflexions sur « De la germanisation de la vie politique »

  1. (Je me permets de laisser mon commentaire ici aussi. Ne sachant pas si vous avez davantage de chance de le voir ici que sur le blog du POP)

    Bonjour,

    Tout d’abord, je me permets de vous transmettre ma déception en voyant le peu de suffrages récoltés pour votre candidature au Conseil des États. J’ai voté pour vous et je pensais que vous seriez plus proche de Luc Reccordon et de Géraldine Savary.
    Cependant, comme c’est les premières élections auxquelles je participe, je ne me rendais peut-être pas forcément compte des réalités du terrain!

    Il reste le Conseil National. Même si un siège a été perdu. Vous serez peut-être celui qui représentera le POP à Berne. Je pense que cela serait une chance pour la politique suisse. Vos critiques, votre opinion, votre idéologie respire l’honnêteté et même si, parfois, un soupçon d’utopie prend place dans certains de vos discours, l’ensemble reste très crédible et m’a souvent convaincu !

    Pour ce qui est de votre article (oui, je finis par y venir, tout de même), il est vrai que les sondages généralisaient le score de l’UDC ne prenant pas forcément en compte les spécificités romandes!
    Cependant, au vu des résultats, on ne peut pas trop leur en vouloir.

    L’UDC a mis à terre les derniers bastions de résistance de gauche. (même Genève!!) Difficile d’accepter de vivre dans un canton qui a propulsé un parti xénophobe et conservateur à la place de parti de majoritaire, au détriment du Parti Socialiste. (Et qui a également participé à votre recul)

    La différence entre la Suisse romande et la Suisse alémanique s’amenuise. Je l’avais déjà remarqué lors de l’initiative pour une Caisse Unique et dans d’autres votations. Et maintenant, tout se confime, avec ce plébiscite de l’obscurantisme politique!

    Afin d’éviter d’être rongé par la honte, je me suis toujours raccroché au fait que je vivais dans la région de Suisse qui arrondissait les angles extrémistes de ses compatriotes germanophones, me permettant ainsi de me dédouaner des dérives face auxquelles je ne peux que constater mon impuissance la plus totale.

    Mais si dorénavant la Suisse romande suit et copie l’idéologie de ses voisins germanophones, nous sommes fichus.

    Dans tous les cas, j’espère que vous continuerez à vous battre avec la même force de caractère qui vous a caractérisé durant cette campagne. La Suisse a vraiment besoin de personnes comme vous, en ces temps obscurs.

    Meilleures salutations,

    Matthieu – 20ans

  2. Merci infiniment Monsieur Zysiadis pour ce constat d’une rare pertinence ! Laissez donc la caravane bêlante des naïfs entonner les vieilles rengaines offusquées de la solidarité « nationale »; ces doux moutons qui se satisferaient d’une seule voie entre Lausanne et Genève, aligneraient le budget de l’EPFL sur celui de l’école de couture de Glattbrugg et se porteraient volontaires pour construire une ligne de miradors sur les frontières avec notre ennemie jurée l’Union Européenne ne méritent qu’un mépris ironique; car, voyez-vous, ne jamais franchir la Sarine se boucher les oreilles et se pincer le nez a toujours rendu heureux les arroseurs de Géraniums de ce coin de pays; tant d’aveuglement à l’heure de la tonte laisse perplexe: serait-ce le syndrôme de Stockholm ? Non car in fine c’est le sentiment de pitié qui prédomine : ces défenseurs d’un Fort Chabrol vide, d’une carcasse sans vie revêtue d’oripeaux rouges et blancs se rendront tôt ou tard à l’évidence: la Suisse n’existe pas: l’Alémanie n’a fait que du « branding » à l’intention de sa vieille conquête welshe pour lui donner à nouveau l’impression d’exister quelques siècles après l’invasion . Helvetia requiescit in pace

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