Inscrire les symboles de « l’Occident chrétien » dans la Constitution ?

Inscrire les symboles de « l’Occident chrétien » dans la Constitution ?

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Non à une révision de la Constitution suisse !

Manifeste pour une Suisse reconnaissante de son héritage spirituel et ouverte à la diversité

Une initiative parlementaire examinée par les Chambres fédérales demande d’ajouter l’article suivant à la Constitution fédérale : «Les symboles de l’Occident chrétien sont autorisés dans l’espace public.»[1]

Les membres du «Mouvement suisse du christianisme social» et toutes les personnes soussignées invitent les parlementaires à refuser cette initiative.

Nous constatons que le contexte social et économique actuel accroît le risque de l’instrumentalisation du christianisme, de ses valeurs et de ses symboles à des fins idéologiques ou politiques. Certains groupes, tant religieux que politiques, veulent ainsi préserver une identité qu’ils considèrent en danger ou combattre des peurs liées à la réalité multiculturelle de la société suisse, composée de personnes d’origines, de cultures, de religions et de convictions diverses.

Nous estimons important d’éviter ces réflexes qui figent et caricaturent les valeurs de la Suisse et du christianisme lui-même. Une telle attitude ne peut que causer des méfiances et des divisions préjudiciables à la société, contredisant aussi le message chrétien, ses valeurs et ses symboles.

Le terme « Occident chrétien » s’avère particulièrement ambigu. Faut-il le rappeler, le christianisme ne trouve pas son origine en Occident. Ce terme rappelle tous les abus de pouvoir commis au nom de cet Occident prétendument chrétien (croisades, colonisations, diverses formes d’impérialismes, etc.). Il crée une opposition artificielle entre Occident et Orient. Il gomme la diversité de l’Occident et du christianisme lui-même.

Reconnaissants de notre héritage chrétien dans sa diversité, nous voulons un espace public laïque précisément respectueux des diverses traditions culturelles et religieuses qui constituent aujourd’hui notre pays. Cet espace doit refléter la pluralité des croyances et des non-croyances des personnes qui l’habitent.

Notre héritage chrétien est déjà marqué par la présence d’églises, de signes religieux, y compris sur nos drapeaux, d’œuvres artistiques ou de fêtes appartenant à notre histoire. En aucun cas cela ne nécessite une révision de la Constitution.

Premiers signataires: Diane Barraud, Lausanne, pasteure, Françoise Bourquin-Gallina, Genève, diacre, Maurice Gardiol, Genève, travailleur social et diacre retraité, constituant, Xavier Gravend-Tirole, Lausanne, théologien, assistant-doctorant, Guilhem Lavignotte, Lausanne, enseignant, Georges Nydegger, Genève, retraité, président du groupe des socialistes chrétiens, Jean-Pierre Thévenaz, Yvorne, éthicien, pasteur retraité, Sylvain Thévoz, Genève, théologien, animateur socio-culturel,
Alexandre Winter, Genève, pasteur, Josef Zisyadis, Lausanne, théologien, conseiller national

Pour rassembler tous les futurs signataires de notre Manifeste, nous nous rencontrerons le 13 octobre à Lausanne (20h) au rez du Centre universitaire Catholique, Bd. de Grancy 29 (sous la gare).

[1] Cette initiative a été déposée en décembre 2010 par Madame Ida Glanzmann-Hunkeler du parti démocrate-chrétien et cosignée par 41 autres parlementaires (réf. 10.512). Elle a déjà été adoptée par une majorité de la Commission des institutions politiques (CIP) du Conseil National et devrait être prochainement examinées par celle du Conseil des Etats. Son commentaire précise : «Outre la croix sous différentes formes, on trouve aussi bien le calvaire, l’agneau, la crèche ou encore la représentation de la Cène.»

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