Pour le droit à une bonne nourriture
Faisons quelques comptes. Selon les évaluations de la FAO, un tiers des aliments produits pour la consommation humaine est gaspillé ou perdu, ce qui représente environ 1,3 milliard de tonnes par an. Dans le même temps, la FAO dénombre 820 millions de personnes en situation de famine, 2 milliards de personnes qui ne disposent pas d’un accès régulier à des aliments sains en quantité suffisante, ainsi que 2 autres milliards en obésité ou en surpoids: donc 4,8 milliards de personnes souffrent de leurs assiettes (vides ou pleines!) sur 7,8 milliards d’individus.
En résumé: plus de 60% de la planète a un problème avec sa nourriture. Et cela ne tient pas compte de maladies qui sont liées à l’alimentation: allergies, diabètes, maladies cardio-vasculaires…
Depuis des dizaines de milliers d’année, notre corps s’est adapté à un régime alimentaire typiquement humain. Aujourd’hui, une nourriture industrielle, transformée fournit trop de mauvais matériaux pour un corps sain. Les méthodes de production de l’agrobusiness sont devenues coresponsables des pandémies catastrophiques.
Pire, les recettes de l’agrobusiness se précisent: avec des capsules similaires à celles de certains cafés, les gens pourront bientôt consommer des cocktails nutritifs individuels ou utiliser une imprimante 3D pour préparer leur repas conformément à des recommandations de santé enregistrées électroniquement.
Mais au fond, qui nourrit vraiment l’humanité? Seulement 25% des aliments que nous consommons proviennent des grandes exploitations agricoles industrielles. Cette agriculture est responsable de plus de 75% des dégâts écologiques infligés à la planète. Il reste que 75% de la production agricole provient «encore» des petits paysans. Ce sont eux qui privilégient encore la santé par hectare plutôt que le rendement par hectare! Ce sont eux aussi qui sont auteurs de l’innovation importante: le low-tech plutôt que le high-tech technologique. Ce sont eux qui nous nourrissent avec respect des saisons, des semences et des traditions culinaires.
Nous sommes à la croisée des chemins: un nouveau modèle agricole est en marche sur la planète. Il demande que nous, mangeurs, prenions notre destin en main. La grande conquête du 21ème siècle pourrait bien être le droit à une alimentation bonne, propre et juste. Avec le droit de savoir ce qu’on mange, le droit de choisir des produits durables pour la santé. Avec le droit de renoncer à la fausse nourriture chimique sans goût.