Une première depuis 1945: un Parlement suisse sans gauche d’opposition
Pour la première fois depuis 1945, le Parlement suisse va entamer une nouvelle législature sans la voix de la gauche d’opposition.
Si certains ont pu trouver anecdotique notre présence au Parlement fédéral, il reste que cette absence est révélatrice de l’incapacité de la gauche alternative de trouver une voix commune nationale par-delà les différences de sensibilités.
Il n’est en soi pas anodin d’être absent de la scène politique fédérale, même sur le mode du témoignage tribunicien; alors même que cette gauche, toutes tendances confondues, est présente dans plusieurs parlements cantonaux et se retrouve à l’exécutif dans des villes aussi négligeables que Genève, Lausanne, La Chaux-de-Fonds, Carouge, Delémont et même à la Mairie comme au Locle et Renens… Etrange situation.
Tout cela sur un fond de voix rassemblées en 2011 sur le plan national qui n’est pas en recul par rapport à 2007.
Alors ? Comment ce désastre est-t-il arrivé ?
J’ai parcouru les maigres bilans parus sur cet échec. Qu’ils proviennent du POP, du PST ou de solidaritéS, ils ont la même teneur commune: ce n’est pas le manque d’unité qui est la cause de l’échec. C’est la situation sociale qui nous est défavorable (!) C’est le manque de mobilisation citoyenne qui en est la cause (!) . Et nous voilà reparti pour une même rengaine qui refuse de voir la réalité en face.
Je passerais même par-dessus les objets de satisfaction de voir une tendance reculer moins que celle d’à côté… Tout cela serait risible, si les milieux populaires n’étaient pas en cause.
Je persiste à penser que la cause principale de cet échec de la gauche anti-capitaliste et d’opposition est dûe au refus de l’unité coûte que coûte, au refus d’écouter la base de ces partis et mouvements qui souhaitent que leurs responsables s’entendent et tirent à la même corde.
Alors qu’entre solidaritéS, le PST, le POP, les listes alternatives de Suisse alémanique, les différences de programme politique doivent être détectées à la loupe, le patriotisme d’organisation est devenu la clé de voûte de la pratique politique.
Nous sommes donc seuls responsables de ce qui nous arrive. Et la sortie de ce bourbier dépend uniquement de nous.
Pour ma part, elle passe par deux choses simples, mais essentielles:
1. Une seule organisation multiforme, avec droit de tendances de toutes les forces et personnes qui veulent une vraie gauche d’opposition dans ce pays. Avec des élections démocratiques internes et une presse commune. Pas très différent de ce que demande La Gauche sur le plan national…
2. Des pratiques politiques nouvelles sur le terrains des luttes sociales, qui donnent la parole aux gens et qui les aident à résister au quotidien.
Si on n’arrive pas à s’unir et agir ensemble, il faudra alors se poser la question de ce que nous avons vraiment de différent des socialistes et des verts…